Introduction

Culture

Le meuble Béarnais n’a eu pour naître, s’épanouir et trouver son identité à peine plus d’un siècle. Pourtant, on est surpris, en y regardant de plus près, de la diversité de ses formes, de ses sculptures, de ses bois…
Son âge d’or est le 18° siècle ainsi que le début du 19°.

L’étude des contrats de mariage et des inventaires des maisons du XVII° siècle témoigne de l’extrême pauvreté des Béarnais de cette époque, pauvreté probablement liée aux événements politiques et religieux ainsi qu’aux épidémies.
Vers 1730, c’est-à-dire à l’époque où apparaissent les premiers grands meubles béarnais, on est surpris par une explosion démographique et économique.
Cette explosion est-elle due à l’introduction du maïs en Béarn, à l’apparition des cultures fourragères, à l’essor de l’exploitation forestière ou au développement des ateliers de tissage ?
Ce qui est certain, c’est que tout bouge et tout progresse: la culture, l’élevage et l’artisanat.
Cette évolution est favorisée par l’intendant Mégret d’Etigny qui, dès 1750, aide à l’industrialisation et au commerce tant intérieur qu’extérieur en créant un réseau de routes modernes. L’explosion démographique est telle que les jeunes sont obligés de quitter le Béarn; les fils de bourgeois vont aux Antilles, ceux des paysans en Aragon et dans les colonies espagnoles et les jeunes nobles grossissent les rangs des « cadets de Gascogne » qui tentent leur chance à Paris dans la carrière des armes.

Cette double explosion est probablement la raison du développement du meuble en  Béarn, mais aussi de son évolution. L’artisan a du bois et des commandes et les cadets de Gascogne rapportent de Paris des meubles parisiens qui orneront leurs « châteaux » et leurs salons: « des meubles de Boulle, de bois précieux, des sièges d’une exquise élégance, des vases de Sèvre » (*), des salons Régence, des bureaux Louis XV en marqueterie. Ces meubles permettent à nos ébénistes d’évoluer dans leurs modèles et leurs techniques.

Cependant, le meuble Béarnais ne se développera pas de manière uniforme à travers le Béarn, mais de manière continue.

Plusieurs “ coins ” du Béarn développeront leur propre style. Chaque ville sera marquée par différents événements de tout ordre qui permettront aussi bien le développement particulier de leur mobilier que leur déclin.
Ainsi Morlàas en 1774 ne se relèvera pas de la grêle qu’elle voit tout détruire ainsi que d’une épizootie.
En 1779, un édit du roi d’Espagne prohibe l’importation des bas de laine. L’industrie Oloronaise ne s’en remettra pas, ses menuisiers non plus.
L’intendant d’Etigny donne par l’édit de décembre 1767,  le droit « à tous propriétaires, cultivateurs, fermiers et autres de Béarn de clore leur héritage », « sans intercepter les passages nécessaires », puis il met fin au régime de la grande propriété communale et autorise le partage des communaux et des propriétés privées par familles. Le développement économique qui s’en suivra dans le nord-est du Béarn donnera naissance au mobilier spécifique de “ L’entre-les-deux-luys ”….

Chaque centre s’est donc développé a des dates différentes pour des raisons différentes. Leur rayon d’action était de l’ordre de 20km parfois plus. Il est toutefois curieux de constater que certains meubles portent les mêmes “ empreintes ” bien qu’étant de centres de fabrication différents. Cela laisse à penser qu’il y avait des échanges réguliers, voire permanents.
Ces échanges peuvent être justifiés de trois façons différentes.
La première passe par la formation des apprentis qui une fois formés iront travailler un peu plus loin avec les acquis de leurs aînés, parfois même avec les mêmes gabarits. Il est à noter pourtant qu’aucun contrat d’apprentissage n’a été retrouvé à ce jour.
La deuxième raison passe par la migration même de certains menuisiers qui suivent le flux économique en amenant avec eux leur savoir et leur savoir faire.
La troisième touche à la notion de corporation , bien que celle-ci n’existait pas à l’époque. On peut tout au plus imaginer de leur part un esprit corporatiste d’avant garde.