Conclusion

Culture

 

Excellent chroniqueur social, économique et historique, le meuble régional témoigne aussi des événements locaux, des voisinages, des influences diverses qui ont pu, soit lui apporter des éléments nouveaux, soit le faire évoluer dans une nouvelle voie.

Etape des pèlerins vers Saint Jacques de Compostelle, le Béarn a bénéficié, de ce fait, d’un certain apport culturel dont le meuble béarnais sut tirer quelque profit. A l’aller, c’est le style gothique qui nous parvint et fut à l’origine des beaux coffres trouvés dans nos montagnes. Au retour, l’influence de la renaissance espagnole nous apporta les frontons échancrés de nos premiers cabinets mais il faut noter que cet apport ne modifia en rien l’architecture de notre mobilier à membrure d’encadrement important et souvent à pointes de diamant et qu’il ne se manifeste que sur les meubles des vallées de montagne et des ateliers de Morlaàs, Nay … et pas du tout sur le mobilier orthézien. Nos premiers motifs quadrangulaires et les moulurations importantes de nos meubles d’Oloron furent vraisemblablement aussi d’influence espagnole.

A partir de 1730, ce sont nos jeunes nobles qui nous portèrent à domicile les styles parisiens mais nos artisans fidèles au meuble bien charpenté ne les reçurent que beaucoup plus tard. C’est ainsi que le style Louis XV ne fit son apparition en Béarn qu’aux environs de 1780.

A partir de la révolution, des influences dues au compagnonnage et au voisinage, se fit sentir:

Influence provençale et languedocienne sur nos armoires salisiennes qui gardent cependant une certaine rigueur dans leur corps supérieur et leur corniche saillante;

Influence landaise sur certain mobilier de l’entre deux Luys et de Monein au niveau de la mouluration des panneaux chantournés ou du pied.

Si le meuble béarnais subit relativement peu d’influence, il marque par contre fortement de son empreinte le mobilier basque et dans des proportions beaucoup moindre celui des landes.

Bon nombre de meubles du XVIII° siècle, toujours vus dans les familles basques, ont été vraisemblablement directement importés des ateliers d’Orthez ou, à partir de la fin du XVIII° siècle, inspirés par notre mobilier. Il est à noter que les Basques n’ont été sensibles qu’à certains de nos motifs, la pointe de diamant, la cive, les motifs quadrangulaires et que le meuble de Morlaàs ne correspondait pas à leur goût.

Le meuble landais, surtout celui de Chalosse, nous a, de son côté, emprunté quelques motifs décoratifs, la fleur de lis, le coeur, la marguerite, la pointe de diamant et la croix de Malte, mais ces deux derniers motifs ne sont-ils pas avant d’être béarnais de tout le Sud-Ouest ?

Le meuble béarnais semble bien avoir évolué en suivant son propre rythme, empruntant, à l’heure qui lui plaisait, des éléments des styles parisiens ou des détails décoratifs pris chez nos voisins, mais en gardant toujours son caractère intrinsèque.

Témoin de son temps, n’est-il pas aussi le témoin du caractère béarnais ?