Les premiers meubles béarnais ont été des coffres. Jusqu’au milieu du XVIII° siècle, le coffre est le meuble le plus couramment apporté par la mariée, mais les contrats du début du XIX° siècle le stipule encore pour des jeunes filles de condition modeste ou pour des cadets qui « vont gendre ».
Les coffres les plus anciens que nous possédons sont gothiques et du XVII° siècle. Ont-ils été inspirés par ceux des pèlerins qui, d’abbaye en abbaye, allaient à Saint-Jacques de Compostelle ?.
Les coffres ont été réalisés aussi bien dans nos plaines que dans nos montagnes, certains armés de poignées pour les transports fréquents ou difficiles.
La maison du XVII° siècle est fort rudimentairement meublée. Peu à peu, et au cours du XVIII° siècle, elle s’enrichira de meubles moins frustres et plus adaptés à l’évolution et à l’enrichissement de la famille.
Au coin du feu, le banc. C’est là que le « brasouqué » (aïeul) se chauffe en surveillant la couvée de poussins, que la « mair bona » (mémé) épluche les légumes dans son tablier. Les enfants aussi y posent leur écuelle pour manger.
Parfois, et seulement à partir du XVIII° siècle, une « paytère » ou panetière, appelée aussi « taulo », enrichit le mobilier. On y rangeait les provisions, le pain et la ventrèche (lard salé). Le plateau était amovible et on pouvait l’ôter et le placer sur deux supports quand on voulait faire la cuisine du cochon (dans les fermes béarnaises, on tue le porc et on le cuisine une ou deux fois par an : c’est le pèle-porc).
Evidemment, on ne pouvait pas manger sur cette paytère faute de pouvoir y placer ses jambes mais qu’importe, le paysan béarnais ne se servait pas de table, comme nous le confirme Simin Palay:
… << Nous aüts, à case
Que-n serbim la soupe, apuch, esparricats
Lous us quilhats, lous aüts seduts, d’aüts ajoucats,
Cadu per et que hurgue à l’escudèle arrase … >>
… << Nous autres, à la maison,
nous nous servons la soupe, et puis, éparpillés
les uns debout, les autres assis, d’autres à genoux,
chacun pour soi puise dans l’écuelle pleine … >>
Dans les familles les plus riches, il y avait une grande table qui comportait obligatoirement de larges tiroirs pour les provisions. Elle n’avait son utilité que s’il y avait beaucoup d’hommes dans la famille. Les femmes ne mangeaient pas à table, elles servaient et … ne s’asseyaient que dans un coin de la cuisine.
D’autres petits meubles viendront naturellement prendre place dans les maisons Béarnaises, dans le courant du 18° siècle avec sur la plupart d’entre eux les marques distinctives de leur centre de fabrication.